A l'heure où la société Google a surpris les allemands en leur ayant annoncé le début d'une mise en application de son logiciel Google Street View pour 20 villes allemandes, aux Etats-Unis le Wall Street Journal sort un document interne de la société troublant...

Source image :  www.boston.com

Google Street View est un logiciel de cartographie avec des vues en trois dimensions des rues, permettant aux internautes de se balader virtuellement. Plus de vingt pays ont été quadrillés, également la France, une voiture effectue les prises de vue avec une sorte de périscope sur son toit.

La société vient de lancer sa collecte d'informations en Allemagne, prenant tout le monde de cours, y compris la classe politique. Ce projet se finalisera en fin d'année avec l'accès de vingt villes allemandes. 

Concrètement le système de cette voiture collecte des données sur des réseaux wifi ouverts ! Comme de nombreuses personnes ne connaissent pas l'aspect dangereux d'avoir leur ordinateur en système wifi, cela pose problème.

En effet, en Allemagne la vie privée reste sacrée, comme dans de nombreux pays européens. C'est pourquoi la polémique enfle, et fait même la une du Bild, journal important en Allemagne. Les allemands considèrent que c'est une intrusion dans la vie privée, la société Google a été menacée de poursuites judiciaires.

Pour prouver sa bonne foi, cette dernière a proposé des choses inédites aux allemands : avant la mise en ligne des vingt villes, chaque citoyen peut s'opposer par un simple formulaire à la publication de l'image de son domicile. Il faut savoir que Google avait déja pris l'initiative de flouter les visages des gens ainsi que les plaques d'immatriculation.

Mais ses opposants affirment qu'il y a ou peut y avoir préjudice. Cela représenterait une facilité pour les voleurs, qui pourraient sélectionner leur proie, voir s'il existe un système d'alarme. ou surprendre certains faits déplaisants, une personne dénudée, ou dans une position délicate, personnelle, etc. La mobilisation allemande se fait sentir par des sabotages des "voitures google", des vidéos hostiles sur you tube.

La société affirme que ses données pour mettre en place son logiciel sont détruites un an après, mais personne ne peut vérifier ses dires. Car la plus grande polémique reste celle du problème d'intrusion dans la vie privée par la collecte de données dans les réseaux wifi.

De nombreux pays prennent cela très au sérieux, pour preuve le 10 août la police en Corée du Sud a perquisitionné le siège de Google, en raison de collecte et stockage de données privées. Mais d'autres pays effectuent une enquête, la CNIL en France, la Federal Trade Commission aux Etats-Unis.

Le Wall Street Journal révèle le 10 août, en ayant récupéré un document interne de la société Google, que celle-ci songeait à vendre les données collectées à des industries potentiellement intéressées par ces données... Ce document de sept pages se pose la question de savoir comment profiter au maximum de la collecte des données effectuées par la société.

Elle songe à exploiter les données de ceux inscrits sur GMail, la création d'une plate-forme de vente des données récoltées par Google Street View et le web. Face à une concurrence comme  Facebook ou Scrappy qui collectent des données et les revendent, Google se sent obliger d'entrer dans le chemin de la vie privée.

Pour exemple, on voit ce que ça donne pour un internaute, il fait des recherches et suivant celles-ci, on va lui introduire de la publicité lié à ses recherches, Google a instauré cela depuis un an. On dirige votre conscience, et vous pousse à certains choix, atteinte à la liberté donc, et Google Street View risque d'amener le même processus.

N'oublions pas que Google est utilisé par 75% des internautes, plus on a de données sur l'utilisateur, plus on pourra le cibler pour faire de l'argent avec. On utilise le plus de données possibles, Google Street View permet de savoir dans quel type de logement vous habitez, quel quartier, quelle ville, si vous savez une voiture ou non, internet ou non, il permet aussi d'aspirer vos données sur votre ordinateur grâce aux réseaux wifi ouverts... Ces données alliées aux autres collectée par vos saisies sur internet peut permettre à Google d'en savoir beaucoup sur vous.

Que décideront les instances politiques face à ce phénomène ? En France la polémique n'a pas eu lieu, en Allemagne elle bat son plein. Mais la CNIL le 17 juin 2010 a mis en demeure Google pour lui fournir les données wifi enregistrées et dans son communiqué effectue déja quelques constats effarants y compris l'enregistrement d'extraits de contenus de messages électroniques !!!

Voici le communiqué de la CNIL :

Street View : la CNIL met en demeure Google de lui communiquer les données Wi-Fi enregistrées

17 juin 2010

La formation contentieuse de la CNIL a adopté le 26 mai 2010 une mise en demeure à l 'encontre de la société Google Inc. Elle demande de lui communiquer, sous sept jours, l 'ensemble des données recueillies en France par les véhicules "Street View", à partir des bornes Wi-Fi. En effet, l 'enregistrement de ces données, effectué à l 'insu des personnes concernées, présente un caractère déloyal au sens de la loi "informatique et libertés" et une intrusion dans la vie privée.

Le service "Google Street View" permet aux internautes d 'accéder aux photographies collectées dans le monde entier par des véhicules de la société Google Inc. Il est accessible en ligne à partir de l 'application "Google Maps".

Le 14 mai 2010, la société Google Inc. a révélé que ses véhicules avaient non seulement enregistré des photographies, mais aussi des communications issues des réseaux Wi-Fi non sécurisés.

L 'enregistrement de telles données est susceptible de mettre la société Google Inc. en possession d 'informations telles que les pages internet consultées, le contenu des messages échangés ou encore les identifiants et mots de passe saisis.

C 'est pourquoi la Commission a effectué un contrôle sur place le 19 mai, portant sur la nature des données collectées ainsi que sur les mesures prises pour remédier à l 'enregistrement de ces données.

Lors de ce contrôle, la CNIL a demandé à Google de lui communiquer des informations techniques concernant la collecte de données Wi-Fi, ainsi que des copies sur support informatique, en particulier une copie intégrale des données Wi-Fi enregistrées en France.

  • la collecte déloyale et illicite de données, à l 'insu des personnes concernées ;
  • l'atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles ;
  • l'absence de formalités préalables auprès de la CNIL, s 'agissant en particulier du service Google Latitude qui utilise les localisations des points d 'accès Wi-Fi pour détecter automatiquement la localisation des utilisateurs ;
  • l'insuffisance des réponses apportées par la société Google Inc. aux demandes de la CNIL, dont certaines datent de fin 2009 et visaient justement à obtenir des précisions sur la nature des données collectées.

C 'est pourquoi, la CNIL a demandé à Google, sous 7 jours, de :

 

  • lui communiquer les informations et copies demandées lors du contrôle sur place ;
  • cesser toute collecte de données à l 'insu des personnes, s 'agissant en particulier des identifiants de réseaux Wi-Fi (SSID), des adresses MAC de points d 'accès Wi-Fi et des données de connexion issues de bornes Wi-Fi ;
  • veiller à ne plus collecter de données à caractère personnel de manière déloyale ou illicite dans le cadre du traitement Google Street View ;
  • procéder aux formalités préalables complémentaires nécessaires.

Ces demandes ont été satisfaites par Google puisque le 4 juin 2010, la délégation de contrôle de la CNIL a pu accéder aux données souhaitées à partir d 'une liaison dédiée sécurisée. En outre, deux disques durs comportant un volume très important de données (données de connexion, codes sources des logiciels, rapports d 'audit) lui ont été remis. Enfin, une réponse portant sur des questions juridiques a été adressée à la CNIL le même jour. Ces éléments essentiellement techniques sont actuellement analysés par les informaticiens de la CNIL. Il est donc encore trop tôt pour se prononcer sur les suites que connaîtra ce contrôle.

Pour autant, quelques constats peuvent d 'ores et déjà être faits :

  • la CNIL est la première autorité de protection des données dans le monde à obtenir les données collectées par Google dans le cadre du dispositif Street View. Il semble que les autorités espagnoles et allemandes aient fait la même demande ;
  • Google a bien enregistré des mots de passe d'accès à des boites mail, à l 'insu des personnes.
  • Google a enregistré des extraits de contenus de messages électroniques.

Lors des contrôles, la CNIL a eu la confirmation, que le service Street View fournissait des informations utiles à d 'autres services de Google Maps et notamment à Google Latitude.

En effet, pour assurer ce service de géolocalisation, Google peut s 'appuyer sur les fonctions GPS des terminaux mobiles, mais aussi sur des données issues du réseau GSM ou la localisation des points d 'accès Wi-Fi à proximité de l 'utilisateur. Une partie des informations contenues dans la base de Google a ainsi été recueillie par les véhicules de Google France, qui ont été utilisés pour prendre les photos de Street View. Cette information conforte l 'analyse de la Commission sur le fait que Google a bien utilisé un moyen de traitement sur le territoire national dans le cadre de Latitude. Dès lors, la CNIL a rappelé à Google qu 'il devait également se mettre en conformité avec la loi Informatique et Libertés en déclarant le service Latitude.

Sur You Tube, on retrouve un reportage très intéressant sur Google Street View et sa relation à l'Allemagne, vous le retrouvez ici :

Google Street View reste pratique si vous voulez effectuer une visite virtuelle, mais la collecte de données et la vente de celles-ci reste une intrusion à la vie privée.