En 1977, Roman Polanski est accusé de crime sexuel à l'encontre d'une adolescente Samantha Geimer, agée à l'époque de 13 ans. Le magazine Vogue avait commandé des photos, la victime a été selectionnée pour cette séance, elle subira un viol sous l'emprise de l'alcool et de drogue sous forme médicamenteuse.
  
Source image : loumintope.blog.lemonde.fr/files/2009/09/sama..
Polanski est incarcéré au total 47 jours pour effectuer des expertises psychiatriques, le juge les a demandé car Polanski a vécu le ghetto de Varsovie mais également le meurtre sauvage de sa femme Sharon Tate en 1969 alors qu'elle était enceinte, le juge s'inquiète de sa santé mentale. 
On le libère sous caution ensuite, car déclaré parfaitement responsable de ses actes et en bonne santé mentale. Il se retrouve accusé de cinq chefs d'inculpation : viol, sodomie, fourniture de drogue et d'alcool à mineur, abus sexuel avec un mineur. 
Négociant avec le juge, il plaide coupable pour l'abus sexuel avec un mineur en échange de l'abandon des quatre autres charges bien plus lourdes. 
La loi californienne permet au parquet de passer un accord avec l'accusé, repris dans le code pénal californien section 261.5, délit puni de 4 ans de prison maximum. 
Juste avant la dernière audience du juge, Polanski décide de s'enfuir en France. En 1978, un mandat d'arrêt américain est lancé, pour qu'il comparaisse pour prononcer une peine; pour la loi californienne la comparution personnelle du condamné est obligatoire. Le principe proposé d'un jugement en France est refusé par le procureur de Los Angeles, qui avance le principe de non bis in idem. Il a déja été reconnu coupable aux Etats-Unis, il ne peut plus l'être ailleurs ( pas deux fois pour la même chose ). 
N'oublions pas que Polanski en reconnaissant les faits et en plaidant coupable, est devenu au sens juridique quelqu'un de responsable pénalement parlant.
Roman Polanski, sur le site La règle du jeu de BHL, avec l'article Je ne peux plus me taire !, nous dit "c'est vrai il y a 33 ans j'ai plaidé coupable, j'ai exécuté une peine à la prison de droits communs de Chino... A ma sortie de prison le juge a changé d'avis et a prétendu que le temps passé à Chino n'était pas l'exécution intégrale de ma condamnation et c'est ce revirement qui a justifié mon départ des Etats-Unis." 
Rappelons que durant une négociation entre le juge et l'avocat de l'accusé Polanski savait à quoi s'attendre, les médias américains ont mis la pression sur la justice, ce qui a contribué à la fuite de Polanski. Des demandes d'extraditions sont effectuées auprès des pays ayant signé des accords avec les Etats-Unis, lors de ses déplacements à l'étranger il n'est pas menacé malgrè ces conventions...
En 1993 un accord est trouvé entre Polanski et sa victime, lui donna 500 000 dollars d'indemnités. Celle-ci exprima par deux fois aux médias son désir d'abandonner les poursuites, "pour éviter de revivre ce traumatisme et protéger ses enfants". 
N'oublions pas que la victime n'est pas partie au procès pénal américain, c'est-à-dire que ça ne fait pas obstacle à la poursuite de l'action publique. Donc la demande d'extradition de Polanski reste une expression de droit pénal américain et non un acharnement de cette justice. 
Le 27 septembre 2009 Roman Polanski allait à un festival de cinéma en Suisse, la police l'arrête avec un mandat d'arrêt international datant de 2005. La Suisse notifie ceci aux Etats-Unis qui ont 40 jours pour demander l'extradition officielle de Polanski ( article 13§4 de la convention d'extradition de 1990 ). C'est une manifestation de l'égalité devant la loi. 
La réaction des médias américains est une totale approbation sur l'arrestation, pourtant les artistes et le public soutiennent Polanski. Les médias rappellent que la pédophilie est un crime grave, et que Polanski a fui devant la justice alors que sa présence était obligatoire pour son jugement définitif. 
N'y a t'il pas prescription ? Non, pour les faits de la nature de ceux reprochés à Roman Polanski la loi californienne prévoit une prescription de 10 ans ( Code Pénal Californien, section 801.1 ). Les autorités judiciaires américaines ont au cours des années agi pour interrompre la prescription ( dernier en date de 2005 un mandat d'arrêt international ). Donc il n'y a pas prescription. 
Le 25 novembre 2009, le Tribunal pénal fédéral Suisse offre la libération conditionnelle contre une caution de 3 millions d'euros et une assignation à résidence avec port du bracelet électronique en Suisse. 
Le 22 avril 2010, la cour d'appel du 2ème district de Californie a rejeté sa demande de pouvoir être jugé par contumace, ouvrant la voie à son extradition aux Etats-Unis.
 
Le 2 mai 2010 Roman Polanski écrit "je ne peux plus me taire" sur le site La règle du jeu. 
Le 14 mai 2010 l'actrice Charlotte Lewis l'accuse de l'avoir violée alors qu'elle avait 16 ans. 
Rappelons encore une fois qu'au sens juridique Polanski est coupable d'abus sexuel sur mineur, car il a reconnu les faits et a plaidé coupable. Vous trouverez ci-joint la lettre écrite de Polanski "Je ne peux plus me taire !" issue du site de BHL La règle du jeu. 
«Je ne peux plus me taire ! 
Depuis 7 mois, le 26 septembre 2009, date de mon arrestation à l’aéroport de Zurich où je me rendais pour recevoir des mains du représentant du ministère de la Culture suisse un hommage pour l’ensemble de mon travail, je n’ai pas souhaité m’exprimer et j’ai demandé à mes avocats de limiter leurs commentaires à l’indispensable. Je voulais que les autorités judiciaires de Suisse et des Etats-Unis ainsi que mes avocats puissent faire leur travail sans polémique de ma part. J’ai décidé de rompre le silence pour m’adresser directement à vous sans intermédiaires et avec mes propres mots. Comme chacun d’entre nous, j’ai eu, dans ma vie, ma part de drames et de joies et je ne vais pas essayer de vous demander de vous apitoyer sur mon sort, je demande seulement d’être traité comme tout le monde. C’est vrai : il y a 33 ans j’ai plaidé coupable, j’ai exécuté une peine à la prison de droits communs de Chino, pas dans une prison de VIP, qui devait couvrir la totalité de ma condamnation. A ma sortie de prison le juge a changé d’avis et a prétendu que le temps passé à Chino n’était pas l’exécution intégrale de ma condamnation et c’est ce revirement qui a justifié mon départ des Etats Unis. Cette affaire a été sortie de sa torpeur de trente ans par une cinéaste qui a voulu faire un documentaire et qui a recueilli les témoignages des personnes concernées à l’époque sans que je ne participe ni de près ni de loin à ce travail. Ce documentaire a mis en lumière le fait que j’avais quitté les Etats-Unis parce que je n’avais pas été traité équitablement ; et il a, aussi, déclenché la vindicte des autorités judiciaires de Los Angeles qui se sont senties attaquées et ont décidé de demander mon extradition à la Suisse où je me rends régulièrement depuis plus de trente ans, sans jamais avoir été inquiété. 
Aujourd’hui je ne peux plus me taire ! Je ne peux plus me taire parce que les autorités judiciaires américaines viennent de décider, au mépris de tous les arguments et dépositions de tierces personnes, de ne pas accepter de me juger hors ma présence, alors que la même Cour d’appel avait recommandé le contraire.
 
Je ne peux plus me taire car la victime a été déboutée par la Cour de Californie dans sa énième demande d’arrêter, une fois pour toutes, les poursuites à mon égard et pour cesser d’être harcelée chaque fois que l’on reparle de cette affaire. 
Je ne peux plus me taire car mon affaire vient de connaître un énorme rebondissement : le 26 février dernier Roger Gunson le procureur chargé de l’affaire en 1977, aujourd’hui à la retraite, a déclaré sous serment devant le juge Mary Lou Villar, en présence de David Walgren, le procureur actuel qui avait tout loisir de le contredire et de l’interroger, que le 19 Septembre 1977 le juge Rittenband avait déclaré à toutes les parties que ma peine de prison au pénitencier de Chino correspondrait à la totalité de la peine que j’aurais à exécuter. 
Je ne peux plus me taire car la demande d’extradition aux autorités suisses est basée sur un mensonge : dans cette même déposition le procureur Roger Gunson a ajouté qu’il était mensonger de prétendre, comme le fait l’actuel procureur dans sa demande d’extradition, que le temps passé à Chino a été un temps consacré à des examens psychologiques. Dans cette demande, il est dit que je me suis enfui pour ne pas subir une condamnation de la justice américaine ; or dans la procédure «plaider coupable» j’avais reconnu les faits et j’étais retourné aux Etats-Unis pour exécuter ma peine : il ne restait plus que de faire entériner cet accord par le tribunal avant que le juge décide de renier l’accord pris pour se faire une notoriété médiatique à mes dépens. 
Je ne peux plus me taire car, depuis plus de 30 ans, ce sont mes avocats qui ne cessent de répéter que j’ai été trahi par le juge, que le juge s’est parjuré, et que j’ai exécuté ma peine ; aujourd’hui c’est le procureur de l’affaire, à la réputation irréprochable, qui sous la foi du serment, a confirmé tous mes dires et cela a une toute autre portée et projette sur cette affaire une tout autre lumière. 
Je ne peux plus me taire car aujourd’hui les mêmes causes produisent les mêmes effets et le nouveau procureur qui s’occupe de cette affaire et qui a demandé mon extradition est lui aussi en campagne électorale et a besoin de notoriété médiatique...! 
Je ne peux plus me taire parce que les Etats-Unis continuent de réclamer mon extradition, plus pour me livrer en pâture aux médias du monde entier que pour prononcer un jugement sur lequel un accord a été pris il y a 33 ans. 
Je ne peux plus me taire parce que je suis assigné à résidence à Gstaad au prix du versement d’une très grosse caution que je n’ai pu recueillir qu’en hypothéquant l’appartement que j’habitais depuis plus de 30 ans, que je suis loin de ma famille et que je ne peux plus travailler. Voilà ce que j’avais à vous dire en restant dans l’espoir que la Suisse reconnaîtra qu’il n’y a pas lieu à extradition et que je pourrai retrouver la paix et ma famille en toute liberté dans mon pays. Roman Polanski» 
Vous avez un autre article donnant les extraits du témoignage de Samantha Geimer devant le Grand Jury du Comté de Los Angeles (24 mars 1977), http://enquetes.blog.free.fr/index.php?post/2010/07/07/Affaire-Polanski-:-Extraits-du-t%C3%A9moignage-de-Samantha-Geimer-devant-le-Grand-Jury-du-Cont%C3%A9-de-Los-Angeles-(24-mars-1977). 
Quant à l'extradition elle aura bien lieu, pour la peine la justice américaine décidera.

 

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