On nous annonce hier l'arrestation de 200 personnes impliquées dans un complot visant à renverser le gouvernement islamo-conservateur en 2003. Ce dernier en profite pour régler ses comptes...

"Eh ! Trouve toi un autre jouet que le peuple maintenant..."

Source image : http://turquieeuropeenne.eu/article4040.html

Opération "marteau de forge"

Cette tentative de démettre le gouvernement par la force provenait de militaires haut gradés mais également de nombreux journalistes, des hommes politiques, des universitaires... Ces inculpations se doivent à une révélation faite dans le journal turque Taraf, proche du pouvoir.

L'opération militaire devait exécuter des attentats dans plusieurs mosquées, provoquer des tensions avec la Grèce notamment avec un appareil turc abattu, incitant l'armée à proclamer l'état d'urgence. Le coup d'état aurait chasser le gouvernement soupçonné de vouloir islamiser en catimini la société turque. Selon les inculpés, c'était une simulation de guerre dans le cadre d'exercices, complot écrit dans des milliers de notes saisies par la justice turque.

Parmi les inculpés, on retrouve les grands de l'armée en retraite ou en exercice, le général Cetin Dogan ancien chef de la première armée basée à Istanbul, l'amiral Ozden Ornek ancien chef de la marine, le général Halil Ibrahim Firtina ancien chef de l'armée de l'air. De nombreux militaires ont été arrêtés, mais d'autres personnes également touchant plusieurs pans de la société intellectuelle.

Un procès politique ?

Le gouvernement d'Erdogan, au pouvoir depuis 2003 avec son parti de la justice et du développement (AKP), ne tente-t'il pas de discréditer l'armée avec ce procès ? De nombreux procès ont eu lieu face au réseau Ergenekon qui mirent en accusation toute sorte de gens voulant tenter un putsch. 

L'opposition laïque et kémaliste pense que le gouvernement tente de soumettre l'armée qui ne l'oublions pas est de fait la garante des principes de laïcité en Turquie, ayant pour tradition un grand prestige. Il existe en raison de trois coups d'état qui rétablirent le "bon ordre" kémaliste, mais le dernier fut le moins démocratique donnant un pouvoir politique puissant à l'armée.

Le gouvernement turc en procédant à ces arrestations et ce procès, essaye de mettre définitivement à bas le pouvoir de l'armée, signe de non démocratie et d'impossibilité d'entrer dans l'union européenne. les journalistes arrêtés sont du côté de l'armée et l'ont soutenu pour entrainer la démission du gouvernement Erbakan en 1997. On lessive donc les dangereux du passé qui pourrait menacer le pouvoir.

Sous réserve de lutte démocratique, le gouvernement semble en profiter pour asseoir son pouvoir. 

Un état démocratique difficile à mettre en place

L'armée possède de nombreux pouvoirs depuis ses trois coups d'état. Ils eurent lieu en 1960, 1971 et 1980, le dernier a institué le Conseil national de sécurité (MGK) constitué de militaires. Et toutes ses décisions avaient la priorité absolue pour l'exécutif, le chef de l'état major de l'armée devenait par là le numéro deux de l'exécutif. En 2003 les députés réussissent à voter une loi diminuant le rôle politique de celle-ci.

Mais de nombreuses instances et personnes lui reste inféodées, on le constate ces dernières années où nombre de militaires ne furent pas jugé en raison de magistrats trop laxistes ou favorables à l'armée. Le militaire formé dans l'endoctrinement Kémaliste, se considère comme le gardien de la République, chargé de la protéger contre les menaces intérieures (subversion islamiste ou communiste, séparatisme kurde) ou extérieures (Grèce, Syrie, etc).

De plus l'armée a un rôle économique énorme en Turquie, avec l'Oyak, cette dernière détenue par les militaires possède de nombreuses entreprises que ce soit Renault, le ciment, la banque, le tourisme, l'assurance, l'agroalimentaire... Elle perçoit certains impôts, comme la taxe sur l'essence. Son pouvoir économique est énorme.

Du devenir de la Turquie

Le gouvernement Erdogan a réalisé ce qui ne fut possible auparavant, éloigner un peu l'armée du système politique turc, mais la partie est loin d'être terminée. Mais quel chemin va prendre ce gouvernement ? Celui d'islamiser la société civile, ou s'ancrer une bonne fois pour toute dans l'axe européen ? 

En tout cas, cette situation de putsch raté lui a permis de faire du ménage et certainement des arrestations arbitraires fondées sur peu de preuves. Par exemple, il existe une guerre civile institutionnelle où des procureurs sont démis par d'autres procureurs. (http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2010/02/23/un-pays-en-etat-de-guerre-civile-institutionnelle) La Turquie vit dans un climat politique délétère où personne ne sait si la démocratie gagnera ou non ( que ce soit par un putsch militaire ou islamiste ).

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